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L'observateur du dimanche

L'observateur du dimanche

Le blog de Benoît de Valicourt - Je vote blanc parce que le bleu est devenu marine et le rouge a perdu de sa passion.


Gérard Collomb, l’homme qui ne voulait pas être Premier ministre.

Publié par L'observateur du dimanche sur 8 Juillet 2013, 07:48am

Ils en rêvent tous, ils tueraient père et mère - ils feraient même ressusciter père et mère pour les tuer – pour être nommés à Matignon et à Lyon, un homme seul refuserait d’incarner la politique du Gouvernement de la France sous prétexte que les conditions ne sont pas réunies, mais quelles conditions ? Celles d’une France apaisée, libérée de ses entraves et du joug socialiste hollandien qui, en comparaison, donne aux premières années Mitterrand alors allié aux communistes un goût de vacances en Crimée, ou celles d’un fantasme d’être un jour appelé par le Président de la République à former un nouveau Gouvernent ?

Toujours est-il que la déclaration du Maire de Lyon de ne pas vouloir être Premier ministre traduit son secret désir d’être nommé, il n’y pense pas qu’en se rasant ! Finalement tout repose sur le si, cette petite conjonction marquant un fait sur la réalité duquel on ne peut se prononcer, mais qui a pu, qui peut ou qui pourra se réaliser. Il marque le doute, il fausse le discernement, il favorise la paranoïa, il transcende le réel, il force la culpabilité, il prépare la certitude et engendre l’incertitude.

Voilà résumé le programme d’un homme politique, de surcroit socialiste, qui après 30 ans de labeur est devenu baron d’une ville de marchands, alors que sa culture et son intimité avec Proust auraient pu en faire un brillant universitaire mais sa madeleine a le goût sulfureux de la passion, de la trahison et de l’ambition. Je n’ai pas d’aversion pour cet homme même si on me dit qu’il aurait nourri quelque colère à mon endroit quand, Président du Comité Bellecour, au moment des municipales de 2008, j’ai remis une note à Dominique Perben sur les métiers d’art à Lyon et le rayonnement des savoir-faire. Peu importe, cette note avait aussi été remise à Nadine Gelas, Vice –présidente du Grand Lyon chargée des événements culturels d’agglomération, lors d’un déjeuner mais sans doute l’a-t-elle oubliée sous sa serviette.

Christophe Cizeron, alors Directeur de Cabinet du Président du Grand Lyon, se chargera de me faire une leçon de morale avant de rejoindre le groupe d’un entrepreneur lyonnais bien connu des commissions d’appels d’offres de la ville et de la communauté urbaine … Voyez-vous, c’est ça que j’aime dans le socialisme de Gérard Collomb, ce côté apparatchik qu’il ne faut pas contrarier et ce côté capitaine d’industrie par procuration. Il est d’ailleurs un grand bâtisseur qui laissera à Lyon une empreinte plus marquée que celle de Pradel, père de l’érection de la première tour de la Partdieu, à l’époque appelée le « zizi à Pradel ». Aujourd’hui, ce sont deux tours supplémentaires qui se mesurent à la plus ancienne ; sexe et politique sont étroitement liés depuis la nuit des temps, les édiles de Lyon l’ont traduit à leur façon sans jamais baisser la garde, un peu comme un hommage à Henri IV, le bon roi de France et de Navarre marié à Lyon qui souffrait de priapisme !

Mais Gérard Collomb est aussi un homme de cour, qui s’entoure de courtisans, tous plus ou moins brillants, aux engagements forcément désintéressés … Verts, communistes, centristes ont tous en commun cette abnégation citoyenne et républicaine qui ne s’achète pas ! Ses courtisans restent libres, libres de ne pas démissionner ou de fermer leur gueule et quand ils osent affronter leur baron, les courtisans partent à la quête du Graal, rebaptisé pour l’occasion Gram, mais le cheval de Troie est lancé à l’assaut de l’hôtel de ville pour faire croire à une autre tendance du socialisme, mais personne ne doit être dupe, le socialisme est une doctrine basée sur le mensonge. Je sais, c’est un constat abrupte mais comment expliquer que Gérard Collomb si prompt à défendre l’entrepreneuriat à Lyon vote au Sénat toutes les lois socialistes qui entravent l’économie. Il y a quelques temps, j’écrivais à un ami pourquoi je n’étais pas socialiste et je vous livre ici ma réflexion : « Je sais pourquoi je ne suis pas socialiste mais je sais aussi pourquoi j’aurais voulu être communiste car Marx posait le socialisme comme un préalable au communisme et qu’une fois socialisés les moyens de productions et l’établissement d’une dictature du prolétariat, c’est-à-dire un régime sans logique bourgeoise de possession et d’enrichissement, vient le communisme, autrement dit le stade absolu de la liberté sans les contraintes capitalistes de l’enrichissement ». J’ai tout dit, les socialistes mentent mais surtout ils mentent à eux-mêmes.

Et Gérard Collomb dans tout ça, que fait-il ? Pourquoi garde-t-il sa carte au PS alors qu’il fréquente tous les patrons lyonnais en leur disant « on appartient à l’élite » comme enfermé dans son monde, coupé de toutes réalités, comme par exemple quand il explique à un journaliste lyonnais qu’il se rend de l’hôtel de ville à Confluence en 10 mn, constaté par huissier. Et le journaliste, benoîtement, acquiesce sans même demander à quelle heure et dans quelles conditions a eu lieu cet exploit, sans doute pour ne pas risquer de perdre le budget publicité de la ville ou du Grand Lyon.

Il reste à Gérard Collomb la possibilité de transformer ses petits travers d’autocrate en qualités proustiennes en se défaisant d’un entourage qui n’est pas à la hauteur du personnage. Journaliste amateur de voile, avocat d’affaires, playboy dilettante, conseillère occulte, mégère permanentée ou promoteur intéressé, tous sont les artisans de l’isolement du maire qui, à chaque fois qu’il monte sur scène, a besoin du regard bienveillant et protecteur de ses Col(l)ombes comme Claude François avait besoin de celui de ses Claudettes. La politique est un spectacle, à Lyon comme ailleurs, mais dans la capitale des Gaules, on a l’artiste que le monde nous envie, le talentueux Mister Angel, inclassable, mais que je situe volontiers entre l’inspecteur Collombo et Monsieur Plus de Bahlsen, tant ses investigations journalistiques sont plus un effet de coude qu’une révélation de Médiapart. Mais chut, il parait que le sénateur-maire de Lyon vogue sur la même galère que l’ancien journaliste du Progrès !

Article publié sur lyonmag.com

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